Les griffes de la nuit…

Une rencontre avec l’autrice américaine Emil Ferris, animée par Sonia Déchamps.

Samedi 29 septembre – 14h00 – Médiathèque Françoise Sagan

Dans le monde de la bande dessinée, il se peut parfois, comme dans le vin, que le millésime ne soit pas exceptionnel. Et puis, soudain apparaît une oeuvre qui chamboule tout, qui nous ébloui. Le premier livre de l’américaine Emil Ferris est de ce tonneau, 800 pages (deux tomes) qui entremêlent virtuosité graphique et écriture étincelante. Emil Ferris tisse un récit labyrinthique qui, tout en multipliant les références aux Pulp, à Robert Crumb ou Maurice Sendak, impressionne par sa qualité littéraire. Entre drame familial et témoignage historique, Emil Ferris nous plonge dans le Chicago des années 60. Conçu comme le journal intime d’une petite fille de dix ans, Karen Reyes, qui vit dans un quartier pauvre de la ville industrielle. Elle est passionnée par tout ce qui touche à l’horreur et l’épouvante et préfère s’imaginer elle-même en loup- garou plutôt qu’en femme car selon elle, il est moins difficile d’être un monstre dans ce monde sans pitié. Moi, ce que j’aime, c’est les monstres, nous prend doucement, comme un récit à la trame classique mais très vite un réseau souterrain de connexions infinies se mettent en place et la lecture devient vertigineuse. Emil Ferris nous emporte dans ce polar elliptique fou qui traite de la différence, des différences, de la peur, de l’enfance, de l’altérité… Les grands livres de notre vie nous invitent constamment à la relecture et Moi, ce que j’aime, c’est les monstres, c’est sûr, restera longtemps à portée de main sur la table de nuit