"Kim Deitch, le secret le mieux gardé de la bande dessinée américaine" Art Spiegelman

Première exposition consacrée à Kim Deitch en France, auteur majeur du mouvement underground américain qui n’a cessé de construire une oeuvre conséquente, occupant tous les formats possibles, du strip hebdomadaire au graphic novel. Kim Deitch manifeste un profond intérêt pour l’histoire de l’entertainment américain, et l’exprime graphiquement par un style mêlant le psychédélisme, les bandes dessinées historiques et les illustrations d’époque victorienne. Ses histoires constituent une gigantesque tapisserie narrative aussi riche que celles créées par Hergé ou Carl Barks. L’exposition entrouvre une fenêtre sur une carrière et une oeuvre tentaculaires.

Commissariat : Bill Kartalopoulos & Raphaël Barban

Scénographie & production : Formula Bula

Exposition présentée lors de Formula Bula 2 en 2013 à Mains d’Oeuvres (Saint-Ouen)

Kim Deitch

Si l’on devait représenter l’underground US comme une grande famille Kim Deitch aurait le rôle du vieil oncle goguenard et vénéré par ses neveux, celui qui a toujours, au moment du digestif, une drôle d’histoire un peu tordue à raconter avec le plus grand sérieux. Fils du créateur de dessins animés Gene Deitch, Kim Deitch est né en 1944 et a grandi au milieu de l’industrie du film d’animation. Autant dire que l’ambiance générale de l’époque a copieusement marqué son imaginaire graphique qui emprunte autant au style des frères Fleischer qu’à celui de Tex Avery.  Cet univers étrange et singulier, il l’a peaufiné en publiant ses premières planches dans le East Village Other dès 1967, premier bastion graphique de l’alternatif américain à tendance psyché, où apparurent pour la première fois deux de ses personnages les plus célèbres, Waldo le chat et l’oncle Ed, l’homme caoutchouc. En 69, Kim Deitch succède à Vaughn Bodé comme rédacteur en chef de Gothic Blimp Works, l’autre grande revue du comics underground made in USA. Durant ces années, il battit une oeuvre où délires cartoonesques sans limites sont kaléidoscopés par une mise en page hallucinante et complexe. Après avoir été pendant des années le secret le mieux gardé de l’underground, le succès public le prend par derrière et il est couronné comme il se doit en 2003  par le prix Will Eisner pour l’album mieux connu en France sous le nom Une tragédie Américaine. Dans cet ouvrage, l’aventure du cinéma d’animation aux Etats-Unis dans une fresque hantée et ambitieuse ; inspirée de personnage  ayant existé (Windsor Mc kay, Walt Disney) où la folie d’une entreprise artistique le dispute au tragique.